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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/247

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de lui : le ſcélérat nous voyant alors toutes les deux bien à ſa portée, nous lance des coups furieux ſur les charmes que nous lui offrons ; mais comme par cette poſture, nous ouvrons dans le plus grand écart poſſible cette délicate partie qui diſtingue notre ſexe de celui des hommes, le barbare y dirige ſes coups, les branches longues & flexibles du fouet dont il ſe ſert, pénétrant dans l’intérieur avec bien plus de facilité que les brins de verges, y laiſſent des traces profondes de ſa rage, tantôt il frappe ſur l’une, tantôt ſes coups ſe lancent ſur l’autre : auſſi bon cavalier que fuſtigateur intrépide, il change pluſieurs fois de monture, nous ſommes excédées, & les titillations de la douleur ſont d’une telle violence qu’il n’eſt preſque plus poſſible de les ſupporter. — Levez-vous, nous dit-il alors en reprenant des verges, oui, levez-vous & craignez-moi : ſes yeux étincellent, il écume : également menacées ſur tout le corps, nous l’évitons,… nous courons comme des égarées dans toutes les parties de la chambre, il nous ſuit, frappant indifféremment & ſur l’une & ſur l’autre ; le ſcélérat nous met en ſang ; il nous rencogne à la fin toutes deux dans la ruelle du lit ; les coups redoublent : la malheureuſe Armande en reçoit un ſur le ſein qui la fait chanceler, cette derniere horreur détermine l’extaſe, & pendant que mon dos en reçoit les effets cruels,

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