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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/431

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ſuffiſait de la voir pour juger de ſa naiſſance & de ſa vertu : elle était fille d’une des meilleures maiſons de la ville où les ſcélérateſſes de la Dubois l’avaient enlevée, ſous le prétexte de la réunir à un amant qu’elle idolâtrait ; elle poſſédait avec une candeur & une naïveté enchantereſſes, une des plus délicieuſes phyſionomies qu’il ſoit poſſible d’imaginer. Eulalie à peine âgée de ſeize ans avait une vraie figure de Vierge ; ſon innocence & ſa pudeur embéliſſaient à l’envi ſes traits : elle avait peu de couleur, mais elle n’en était que plus intéreſſante ; & l’éclat de ſes beaux yeux noirs rendait à ſa jolie mine tout le feu dont cette pâleur ſemblait la priver d’abord ; ſa bouche un peu grande était garnie des plus belles dents, ſa gorge déjà très-formée ſemblait encore plus blanche que ſon teint : elle était faite à peindre, mais rien n’était aux dépens de l’embompoint ; ſes formes étaient rondes & fournies, toutes ſes chairs fermes, douces & potelées. La Dubois prétendit qu’il était impoſſible de voir un plus beau cul : peu connaiſſeuſe en cette partie, vous me permettrez de ne pas décider. Une mouſſe légère ombrageait le devant ; des cheveux blonds, ſuperbes, flottant ſur tous ces charmes, les rendaient plus piquans encore ; & pour compléter ſon chef-d’œuvre, la Nature qui ſemblait la former à plaiſir, l’avait douée du caractere le plus doux & le plus aimable. Tendre & délicate fleur, ne deviez-vous donc em-

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