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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/103

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LA MARQUISE DE GANGE

duquel la seule personne qu’elle rencontre est Villefranche. Prendre le jeune homme sous le bras, l’entraîner dans la rue, en se contentant de lui dire : — Partons, monsieur, partons, je ne veux pas rester plus longtemps dans le séjour exécrable où l’on me déshonore… Tout cela est l’affaire d’un instant ; et Villefranche, que l’abbé avait prévenu de la possibilité de ce que réalisait Euphrasie, ne lui oppose aucune résistance. On se rend à l’auberge des voitures ; on en loue aussitôt une pour Gange ; Villefranche y fait monter la marquise, et l’on part.

Maintenant que nous avons deux scènes à suivre, commençons par celle d’Ambroisine, et laissons la marquise voyager avec celui qu’elle enlève pour sa sûreté, et qui va peut-être devenir la cause de ses malheurs.

Dès que mademoiselle de Roquefeuille eut été réveillée par l’approche du marquis qu’elle était loin de supposer dans sa chambre, elle pousse un cri si affreux que Théodore se présente aussitôt à sa porte, pour connaître, dit-il, ce qui peut occasionner cet effroi. — Qu’est ceci, mon frère ? dit-il, dès que la porte lui est ouverte, vous ne m’aviez pas fait part de ce projet. — Qu’appelles-tu projet ? répond Alphonse avec humeur, je n’en conçus jamais de contraire au respect que je dois à mademoiselle ; je te l’ai dit dans tous les temps, et je lui renouvelle devant toi mes plus