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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/104

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LA MARQUISE DE GANGE

sincères excuses de l’erreur que vient d’occasionner cet imbroglio. Ne m’as-tu pas donné cette clé ? — Assurément. — Ne m’as-tu pas dit que c’était celle de la chambre de ma femme ? — Sans doute, mais j’ai ajouté en même temps que l’appartement de ta femme était au second, et je ne sais pourquoi tu viens au premier. — Mais cette clé ? — Est celle de la chambre de ta femme au second. Viens t’en convaincre en l’essayant. Le marquis monte, la clé ouvre. Théodore était trop adroit pour avoir négligé cette double précaution. Mais que devient Alphonse, quand il ne voit plus personne dans la chambre, et un trou ouvert dans le milieu ? — Oh ! juste ciel ! elle me croit coupable, s’écrie-t-il, et comment la désabuser maintenant ? Où est-elle ? Qui sait où l’auront précipitée les effets de son désespoir ?… Oh ! mon ami, je suis le plus infortuné des hommes.

— Volons sur ses traces, dit l’abbé ; ne perdons pas une minute : peut-être apprendrons-nous de ses nouvelles. — Ah ! mon cher frère, s’écria le marquis, la plus grande preuve de l’innocence de ma femme est l’effet que produit sur elle la crainte de mon infidélité. — Eh ! ne t’ai-je pas toujours dit qu’elle était sage ?

Les deux frères, pendant qu’Ambroisine, à qui on laisse ignorer l’évasion d’Euphrasie, se calme et se remet au lit, les deux frères, dis-je, courent sur les pas de la fugitive et commencent leurs