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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/158

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LA MARQUISE DE GANGE

nos saintes écritures lui offrirent la paix, le calme et le bonheur. Que celui qui les recherche comme elle, lise avec attention les Livres de Job, de Jérémie, les admirables Psaumes de David, l’Imitation de Jésus-Christ, et il verra si les paroles renfermées dans ces sublimes écrits ne sont pas celles d’un Dieu même. Reportant aussitôt ses idées sur ce Dieu bon qui périt pour nous sauver, qu’il se modèle sur la patience, sur la douceur qui l’accompagnèrent aux derniers instants de ce mémorable sacrifice : c’est là qu’il se convaincra de cette vérité si consolante pour le malheur, que toutes les joies de la vie ne valent pas le rayon d’espoir que l’Éternel accorde à l’homme qui pleure et prie. C’est là, dis-je, dans cette manne céleste, qu’Euphrasie trouva le courage de supporter l’état dans lequel elle était, et de s’écrier avec le roi prophète :

« Ô mon Dieu ! vous êtes mon unique refuge » contre les maux dont je suis environné : délivrez-moi des mains de ces ennemis qui m’assiègent de toutes parts. »

L’abbé reparut enfin chez sa sœur ; et, s’applaudissant de voir ses ordres exécutés relativement aux douceurs promises : — Eh bien ! ma chère Euphrasie, lui dit-il, êtes vous un peu plus à votre aise ?… Ah ! je regarde votre exil de la terre comme celui des anges du ciel qui se rapprochent de l’immensité du créateur. Quelles délices vous