Aller au contenu

Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LA MARQUISE DE GANGE

dans cette occasion, mais tout pour un mari que je devais convaincre de votre mauvaise conduite ; et, lorsque, d’après vos instances réitérées, j’ai bien voulu vous accorder chez moi un rendez-vous avec votre amant, ce n’était qu’à dessein que les yeux de ce mari pussent enfin lui prouver l’inconcevable degré où vous portez à la fois et l’abandon de vous-même et la fausseté. — Monstre exécrable, dit Euphrasie, pâlissant de courroux, de quels abîmes de l’enfer es-tu donc sortie pour le malheur de la vertu ?

— Taisez-vous, madame, dit Alphonse, cette effervescence n’est plus de saison ; elle conviendrait peut-être à la sagesse : elle ne sert ici qu’à montrer plus hideux encore le vice dont vous vous souillez. Ne faites aucun esclandre, madame, il retomberait sur vous, et ne redoutez plus rien des élans d’une jalousie… qui disparaît avec mon amour. Je vous abandonne au mépris ; retournez en paix chez vous, et surtout point de bruit : le mystère et une meilleure conduite peuvent encore soutenir les chancelants débris de votre réputation ; elle est perdue, ainsi que la mienne, si vous faites d’indiscrets éclats.

— Je vous obéis, monsieur, dit Euphrasie toujours contenue, quoique dans un état violent ; oui, je vous obéis ; mais cette estime que vous voulez encore m’enlever… nouvelle plaie, que je ne dois qu’aux mains barbares de cette indigne