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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/236

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LA MARQUISE DE GANGE

créature, je la recouvrerai, monsieur, je la recouvrerai. Souvenez-vous que je saurai, par une conduite exemplaire et toujours soutenue, quand des monstres ne me persécuteront plus ; que je saurai, dis-je, vous forcer à me rendre ce que je n’ai jamais mérité de perdre. Et, s’adressant à la comtesse : — Trouvez de raisonnables motifs pour rompre avec moi, vous, madame ; mais surtout que je ne vous voie jamais, ou les efi’ets de ma vengeance surpasseraient ceux de votre fausseté.

La marquise retourna chez elle, bien décidée à ne rien dire, d’après la juste persuasion où elle était que, dans une aventure aussi malheureuse, il lui serait peut-être plus facile d’être convaincue que disculpée. D’après ce système, elle crut qu’elle devait se montrer dans le monde comme à l’ordinaire ; elle le fit.

Cependant, cette histoire, par les soins des scélérats dont elle était l’ouvrage, ne laissa pas de faire quelque bruit. C’est ce que voulaient ses persécuteurs, qui, devenus plus entreprenants par le succès de cette ruse, travaillèrent bientôt sur de nouveaux frais.

Pour mieux persuader le marquis, on pense bien que madame de Donis, agissant d’après les instigations de l’abbé, s’était bien gardée de dire à Alphonse que sa femme se croyait avec lui dans cette entrevue, ne lui ayant jamais ofi’ert