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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/285

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LA MARQUISE DE GANGE

personnage qui n’est pas le mien. Je n’ai jamais été ni madame de Moissac, ni la cousine de M. de Valbelle ; je m’appelle Julie Dufrène, et tiens une maison garnie dans Marseille, où je m’offre de vous conduire, si vous voulez échapper aux dangers qui vous menacent dans celle-ci. Je m’attirerai tout le courroux de M. le comte, je le sais ; mais j’aurai réparé mes torts envers vous, et cela me suffit. — Quoi ! mademoiselle, malgré les fortes recommandations de l’homme qui veut ma perte, malgré les dangers que vous courez, vous voulez bien m’offrir un asile ? — Assurément, madame, je le dois, et je le fais de tout mon cœur. — Mais, en ce cas, pourquoi ne me conduisez-vous point chez ma mère ? — Je n’étais point du tout chargée de la découvrir, madame ; et lorsque j’aurai eu le bonheur de vous mettre en sûreté chez moi, nous pourrons plus à l’aise nous occuper de ce soin. — Et comment supposez-vous que Valbelle me laisse en sûreté chez vous ? — Mais vous n’y resterez que le temps nécessaire pour découvrir l’adresse de madame de Châteaublanc : vous en serez partie quand il vous cherchera. — En ce cas, pourquoi coucher ici ? Nous devrions partir tout de suite. — Ce soir, cela est impossible : je demeure à l’autre extrémité de la ville, à près de deux lieues d’ici, et nous ne trouverions pas de voiture à cette heure pour nous conduire chez moi. Au