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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/103

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Imbert, c’était le nom du jeune homme, m’avait pourtant accordé sa confiance, et bientôt même son amitié, en raison des facilités que je lui procurais de voir sa maîtresse chez moi. Euphémie était grande, faite à peindre, d’une figure agréable, sans doute, mais infiniment inférieure en attraits au délicieux jeune homme dont j’avais la tête tournée. Ami du père et de la mère d’Euphémie, avec lesquels je m’étais lié, uniquement par rapport au dessein que j’avais de servir Imbert, il se passait peu de jours que nous ne nous visitassions mutuellement. Ce fut au sein de cette intimité que je conçus, pour jouir d’Imbert, le plus infernal projet qui fût encore sorti de mon cerveau. Je commençai par noircir étonnamment le jeune Imbert dans l’esprit des parens d’Euphémie ; et, à force d’art et de ruses, je fis tomber le jeune homme dans de tels pièges, que j’achevai de le rendre odieux aux auteurs des jours de sa maîtresse. Les choses une fois en cet état, il ne me fut pas difficile d’aigrir Imbert à son tour contre des gens dont il paraissait si mal vu ; et de l’aigreur au crime, dans une ame ardente, il n’y a bien souvent qu’un pas. Imbert comprit qu’aussi long-tems que les parens d’Euphémie seraient