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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/104

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au monde, il ne devait jamais compter sur le bonheur. Cependant ceux-ci étaient jeunes et Imbert très-impatient. Je profite d’un moment d’ardeur. Par un discours insidieux j’offre à-la-fois le mal et le remède. Imbert séduit, n’est plus inquiet que d’une chose : Euphémie voudra-t-elle du meurtrier de ses parens ? — Et pourquoi lui révéler cette action ? — Elle s’en doutera. — Jamais ; d’ailleurs, j’agirai, moi ; ce n’est que votre consentement que je demande, — Oh ! ciel, doutez-vous que je ne vous le donne ? — C’est par écrit que je le veux. — J’y consens… Et voici l’écrit qu’Imbert me donna :

« Excédé des persécutions que j’endure, je prie mon ami Jérôme de m’acheter du réalgar, pour faire promptement périr les parens d’Euphémie, qui s’obstinent à me refuser leur fille ».

La débilité, la confiance de la jeunesse, la fait, comme on le voit, tomber dans bien des pièges. Tel peu fardé que fut celui-ci, le brave Imbert s’y prit sans réflexion ; et je ne fus pas plutôt maître du billet, que j’empoisonnai dans un souper les ennemis de mon amant. Euphémie n’eut aucun soupçon ; mais le grand deuil et sa douleur l’obligèrent néan-