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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/117

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fonds de vertu, de sensibilité et de religion ; son état ne lui en paraissait que plus terrible ; satisfaite pourtant de trouver une ame qui répondit à la sienne, elle fut bientôt avec notre aimable orpheline dans la plus étroite liaison ; toutes les deux alors trouvèrent dans cette association plus de force à supporter leurs malheurs communs.

Mais la triste Octavie ne jouit pas long-tems de ces douceurs. On avait eu raison de dire à Justine que l’ancienneté n’influait en rien sur les réformes ; que, simplement dictées par le caprice des moines, ou par leurs craintes de quelques recherches ultérieures, on pouvait la subir au bout de huit jours comme au bout de vingt ans. Il n’y avait que deux mois que Octavie était au couvent, lorsque Jérôme vint lui annoncer sa réforme, quoique ce fût lui qui eût paru la rechercher avec le plus de soin… chez lequel elle eût couché le plus assiduement, et même encore la veille de cette terrible catastrophe. Elle n’était pas seule : une divine créature, âgée de vingt-trois ans, au couvent depuis sa naissance, une fille vraiment au-dessus de tous les éloges, et dont le caractère tendre et compatissant s’alliait à merveille avec le genre de figure romantique