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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/145

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moines faisaient encore une réforme ; Justine choisit ce moment pour exécuter son dessein, afin que ceux-ci, plus occupés, prissent moins d’attention à elle.

On était au commencement du printems ; les nuits paraissaient encore assez longues pour favoriser ses démarches ; depuis deux mois elle les préparait avec tout le mystère inconcevable ; elle sciait peu-à-peu les grilles de son cabinet avec un mauvais ciseau qu’elle avait trouvé ; déjà sa tête y passait aisément, et de son linge elle avait composé une corde plus que suffisante à franchir l’élévation du bâtiment ; lorsqu’on lui avait pris ses hardes, elle avait eu soin, ainsi que nous croyons l’avoir dit, de retirer sa petite fortune ; elle l’avait toujours soigneusement cachée ; en partant elle la remit dans ses cheveux, et dès qu’elle crut ses compagnes couchées, elle passa dans son cabinet. Là, dégageant le trou qu’elle avait soin de boucher tous les jours, elle lia la corde à l’un des barreaux qui n’était point endommagé, et se laissant glisser, par ce moyen elle eut bientôt touché terre ; ce n’était point là ce qui l’avait embarrassé le plus ; les six enceintes de haies vives dont Omphale lui avait parlé l’intrigaient bien différemment.