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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/148

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paru sur la terre que comme les roses dont ses attraits étaient l’image. Moi-même, hélas ! dans quinze jours c’eut été là ma place, je n’en saurais douter, je viens de l’entendre… Que gagnerai-je à aller chercher de nouveaux revers ? n’ai-je pas commis assez de mal ?… ne suis-je pas devenue le motif d’un assez grand nombre de crimes ? Ah ! remplissons ma destinée… Asyle de mes amies, ouvres-toi pour me recevoir ! C’est bien quand on est aussi délaissée, aussi pauvre, aussi abandonnée que moi, qu’il faut se donner tant de peines pour végéter quelque tems de plus parmi des monstres ? Mais, non, je dois venger la vertu dans les fers ; elle l’attend de mon courage ; ne nous laissons point abattre avançons ; il est essentiel que l’univers soit débarrassée de scélérats aussi dangereux que ceux-ci. Dois-je craindre de perdre six hommes, pour sauver les milliers d’individus que leur férocité sacrifie ? Elle perce la haie ; celle-ci est plus épaisse que l’autre : plus elle avance, plus elle les trouve serrées. La brèche se fait pourtant ; mais un sol ferme se trouve au-delà ; et notre héroïne parvient au bord du fossé, sans avoir trouvé la muraille dont Omphale lui avait parlé ; il n’y en avait sûrement point :