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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/149

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il est vraisemblable que les moines ne le disaient que pour effrayer davantage.

Moins enfermée au-delà de cette sextuple enceinte, Justine distingue mieux les objets. L’église et le corps-de-logis qui s’y trouvent adossés se présentent aussi-tôt à ses regards : le fossé bordait l’une et l’autre ; elle se garde bien de chercher à le franchir de ce côté ; elle longe les bords ; et, se voyant en face de l’une des routes de la forêt, elle se résout de le passer là, et de se jeter dans le chemin qu’elle voit, dès qu’elle aura remonté l’escarpement. Ce fossé était très-profond, mais sec : comme il était revêtu de brique, il n’y avait nul moyen de se laisser glisser ; elle se précipite donc. Un peu étourdie de la chûte, elle est quelques instans avant que de se relever ; elle se redresse enfin, poursuit, et atteint l’autre bord sans obstacle : mais, comment le gravir ? À force de chercher un endroit commode, elle en découvre un où quelques briques démolies lui donnent à-la-fois et la facilité de se servir des autres comme d’échelons, et celle d’enfoncer, pour se soutenir, la pointe de son pied dans la terre. Elle était déjà presque sur la crête, lorsque, tout s’éboulant sous elle, elle retombe dans le fossé,