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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/158

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cevoir sa femme et Justine. Quelle est cette créature, dit le farouche hôtellier en regardant la compagne de son épouse ? C’est ce qu’il nous faut, mon fils, répond la d’Esterval, d’un ton qui commence à faire ouvrir les yeux de notre malheureuse aventurière, et à lui faire comprendre qu’il y avait bien plus d’intelligence entre elle et son mari, que celle-ci n’avait voulu le laisser d’abord appercevoir. Ne la trouves-tu pas jolie ? — Oui, sacre-Dieu ! je la trouve telle ; et cela foutera-t-il ? — Dès qu’elle entre chez toi, n’en es-tu pas le maître ? Et Justine, tremblante, fut introduite avec sa conductrice, dans une salle basse, où le patron, après avoir un instant causé bas avec son épouse, revint tenir à notre héroïne à-peu-près le discours suivant : « De toutes les aventures qui ont pu vous arriver dans le cours de votre vie, ma chère enfant, lui dit-il, celle-ci sans doute vous paraîtra la plus singulière. Dupe de votre enthousiasme imbécille, pour la vertu, vous vous vous êtes trouvée prise, à ce que m’apprend ma femme, dans beaucoup de piéges, où l’on vous captivait par la force ; vous n’allez l’être ici que par l’opinion. Là, vous étiez l’objet