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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/162

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circonstance m’irrite ; c’est elle qui enflamme mes sens, elle, en un mot, qui me fait bander en sortant delà, au point qu’un être à foutre, de quelque âge ou de quelque sexe qu’il puisse être, me devient absolument nécessaire : tel est, mon ange, le rôle que je vous destine ; c’est vous qui ferez de très-bonne foi l’impossible pour faire évader les victimes, ou pour les engager à la défense ; je vais vous dire bien plus : votre liberté est à ce prix ; si vous en faites échapper une seule, vous pourrez vous sauver avec elle ; je vous proteste de ne pas vous poursuivre ; mais, si elle succombe, vous resterez ; et, comme vous êtes vertueuse, je n’ai pas tort, vous le voyez, de vous dire que vous resterez du meilleur de votre cœur ; car l’espoir de soustraire un de ces malheureux à ma rage, vous captivera sans cesse ; si vous vous échappiez de chez moi, certaine que je continue ce métier, vous emporteriez le regret mortel de n’avoir pas essayé de sauver ceux qui succomberont après votre départ ; vous ne vous pardonneriez jamais d’avoir manqué l’occasion de cette excellente œuvre ; et, comme je vous le dis, l’espoir d’y réussir un jour vous enchaînera nécessairement toute la vie ; me direz-vous que