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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/161

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gré… parce qu’il vous serait impossible de ne pas vouloir y rester. — Expliquez-vous, monsieur, je vous conjure. — Je vais le faire : écoutez-moi, et redoublez d’attention, je vous prie… Mais dans ce moment un grand bruit s’étant fait entendre dans la cour, d’Esterval fut obligé de s’interrompre pour aller recevoir deux marchands à cheval, suivis d’autant de mulets richement chargés, et qui se dirigeant vers la foire de Dôle, venaient coucher dans ce coupe-gorge.

Nos voyageurs parfaitement reçus, furent aussi-tôt servis, rafraîchis, débottés ; et d’Esterval les voyant attendre leur souper assez tranquillement, revint terminer l’instruction de Justine.


Il n’est pas nécessaire de vous dire, ma chère enfant, reprit l’étonnant personnage, qu’avec les goûts que je viens de vous avouer, je dois avoir d’autres singularités dans l’esprit ; et voici celles qui assaisonnent étonnamment mes passions. Je veux que les voyageurs qui périssent par mes mains soient prévenus de mes projets ; je me plais à les savoir convaincus qu’ils sont chez un scélérat ; je veux qu’ils se mettent en état de défense ; je prétends, en un mot, les vaincre par la force ; cette