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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/172

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de foutre quand elle en trouvait l’occasion, et ne déchargeait jamais aussi voluptueusement lui-même, que quand il la voyait dans les bras d’un autre. Se brouille-t-on quand on pense de cette manière ? et quand l’hymen sème autant de roses sur les chaînes dont il accable deux époux, est-il présumable qu’ils puissent jamais chercher à les rompre ?

Cependant Justine, dans la chambre des deux marchands, les prévenait par toute sorte de soins, sans oser en venir au fait : son ame sensible et délicate ne pouvait se décider entre l’obligation terrible de faire massacrer son maître, ou de laisser égorger des innocens. D’une autre part, d’Esterval, qui joignait aux passions dont nous venons de le caractériser ? celle de vouloir surprendre ses hôtes dans le plaisir… de les mener des bras de Vénus dans ceux de la mort, et qui, dans cette perfide intention, leur envoyait toujours une fille, aux aguets tout près de la porte, brûlait

    que l’on le dise, que ce nom est celui du personnage dont on parle ? Cette soustraction de mots inutiles tient à notre genre, et peut devenir un des cachets où notre style se fera toujours reconnaître.