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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/171

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lui procurer sa ferme ; la plus parfaite union régnait d’ailleurs dans ce ménage, tout corrompu qu’il pouvait être ; tant il est faux de dire qu’il n’y a que les associations vertueuses qui puissent subsister. Ce qui brise des nœuds, c’est la dissemblance des mœurs… des opinions ; mais aussi-tôt que tout est d’accord, aussi-tôt que rien ne contrarie la manière d’être des deux habitans d’une même maison, il n’est pas douteux qu’ils peuvent trouver le bonheur dans le sein du vice comme dans celui de la vertu, parce que ce n’est pas tel ou tel mode qui rend l’homme heureux ou à plaindre ; la discorde seule le plonge dans le dernier cas, et cette affreuse divinité ne secoue jamais ses flambeaux qu’où règne la différence des goûts et des opinions : aucune jalousie ne troublait ce charmant ménage ; Dorothée, heureuse des plaisirs de son mari[1], ne se livrait jamais mieux à l’intempérance qu’en le voyant jouir de ses plaisirs de choix, et reversiblement d’Esterval conseillait à sa femme

  1. Nos lecteurs doivent remarquer l’habitude ou nous sommes de retrancher ces mots inutiles : c’était le nom ; c’était ainsi que s’appelait, etc., etc. Dès qu’ils apperçoivent un nom nouveau, ne devient-il pas sûr, sans