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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/175

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d’une chûte affreuse, tous deux à terre, et tous deux désarmés.

Ici l’intelligence de nos lecteurs leur fait aisément présumer, sans que nous leur disions, que tout s’était fait au moyen d’une trappe, et que les armes, laissées sur une table qui n’avait point bougée, n’avaient pu suivre les deux infortunés dans leur chûte. Camarades, dit d’Esterval en mettant le pistolet sur la gorge de chacun de ces hommes, on vous avait pourtant prévenu ; par quel hasard n’étiez-vous pas sur vos gardes. Écoutez, cadets, il existe un moyen de vous tirer d’ici ; ne vous désespérez pas. Vous voyez ces deux femmes ; celle-ci est la mienne ; elle est belle encore : et, quant à celle-là, vous en avez tâté ; c’est un morceau de roi. Eh bien, foutez-les l’une et l’autre à mes yeux, et votre vie est sauve ; mais, c’est fait de vous, si vous résistez… si vous ne vous mettez à l’œuvre sur-le-champ. Et  d’Esterval, sans leur donner le tems de répondre, l’infâme d’Esterval, dont les passions s’irritaient à ces horreurs, ainsi que nous l’avons déjà dit, détourne les pistolets, déboutonne les culottes, et suce les vits.

On passe difficilement de la peur au plaisir ; mais de quels efforts la nature n’est-elle pas