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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/200

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infernal, lorsqu’il arriva dans l’hôtellerie un personnage assez singulier pour attirer un moment l’attention de ceux qui veulent bien nous lire.

Il était environ sept heures ; toute la société respirait, sur un banc près de la porte, cet air pur et serein des voluptueuses soirées d’un bel automne, lorsqu’un homme à cheval arrivant au galop demande, avec inquiétude, s’il est possible de trouver asyle en cette maison ; j’ai été arrêté à une lieue d’ici, dit-il avec une sorte d’effroi, on a tué mon valet, on a volé son cheval ; assez heureux pour jeter à terre celui qui saisissait la bride du mien, je ne l’ai point été assez pour venger mon domestique ; son assassin a disparu, j’ai fui. — Mais, quelle imprudence ! dit d’Esterval, de traverser avec si peu de suite une forêt aussi dangereuse. J’ai d’autant plus de tort, dit le cavalier, qu’assurément j’ai assez de monde à mes ordres pour me faire un peu mieux escorter ; mais je vais voir un oncle que j’aime beaucoup, qui m’invite depuis des siècles à aller partager les plaisirs dont il jouit dans une assez belle terre qu’il habite en Franche-Comté, et comme je sais qu’il aime la solitude, je conduisais peu de monde avec moi ;