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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/201

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en un mot, monsieur, pouvez-vous me loger ? Assurément, monsieur, répondit d’Esterval, entrez, ma femme et moi tâcherons de vous recevoir du mieux qu’il nous sera possible. Le cavalier descend, passe dans le salon, et c’est alors où Justine, pouvant le considérer plus à l’aise, jette un cri de surprise en reconnaissant le personnage. O Bressac ! s’écrie-t-elle, vous ici ! je suis une fille perdue… — Bressac ! dit d’Esterval… quoi ! monsieur, vous êtes le marquis de Bressac… le propriétaire d’un si beau bien aux environs de la forêt de Bondi ? — C’est moi-même. — Embrassez-moi, monsieur, j’ai l’honneur de vous appartenir de fort près ; reconnaissez dans moi Sombreville, le cousin-germain de votre mère. — Oh ! monsieur, cet évènement… Hélas ! vous savez par quelle fatalité j’ai perdu cette tendre mère ; mais ce que vous ignorez sans doute, et ce que vous ne laisserez pas impuni, poursuit Bressac en montrant Justine, c’est que voilà l’assassin de cette mère respectable. Comment est-il possible que vous gardiez chez vous un tel monstre ! Oh ! monsieur, ne le croyez pas, s’écrie Justine en larmes, je ne suis point capable de cette horreur et si l’on veut me permettre de tout