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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/204

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suis innocente de ce crime, je vous le proteste encore. — Eh bien, montez donc, mon enfant, et comportez-vous comme à l’ordinaire, souvenez-vous que je suis vos pas.

Rien n’était embarrassant ici comme la conduite de notre héroïne ; quelle jouissance pour elle, si la vengeance eût été de son goût ! Nous savons bien que dans le fait, qu’elle avertît ou non, la mort de son calomniateur était toujours certaine ; mais qui le croirait ? De cette certitude seule, Justine tira les nouveaux moyens que l’on va lui voir employer pour sauver la vie de celui qui avait si cruellement conjuré contre la sienne ; elle se presse, elle sait qu’elle a le tems de parler un moment au marquis avant que d’Esterval ne vienne écouter. Monsieur, lui dit-elle en larmes, malgré tout ce que vous m’avez fait, je viens vous sauver, si je puis ; quoique votre parent, le monstre chez qui vous êtes, complotte contre vos jours, descendez promptement, ne restez pas une minute dans cette chambre où des pièges vous environne des toutes parts, venez essayer de calmer sa rage, appaisez sur-tout sa mégère ; plus acharnée que son époux, elle a prononcé votre mort, descendez, monsieur, descendez, que vos pistolets