Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

proteste, je suis innocente du crime dont m’accuse monsieur de Bressac. Ah ! qu’il ne cherche pas si loin le meurtrier de sa mère, il ne sait que trop où il est. — Comment ? expliquez-vous, Justine, dit madame d’Esterval ? — Lui-même, madame, lui-même a commis cette horreur, et le scélérat m’en accuse. — Êtes-vous bien sûre de ce que vous dites ? — Il m’est impossible d’en douter ; je révélerai, quand il vous plaira, toutes les particularités de cette infamie. — Je n’ai pas maintenant le tems de les entendre, dit d’Esterval ; puis s’adressant à sa femme : — Que décides-tu, Dorothée ? — C’est avec peine, répondit ce monstre, que je condamne à la mort un être aussi scélérat que nous ; mais ce bel homme excite horriblement ma luxure, et je veux absolument qu’il y passe. — J’y consens, dit d’Esterval ; Justine, point d’explications avec lui, et courez accomplir votre mission accoutumée ; ne craignez rien au reste ; eussiez-vous même commis le crime dont il vous accuse, nous ne vous en estimerions pas moins ; au contraire, ce serait un titre à nos yeux, ne rougissez donc pas d’en convenir. — Croyez qu’encouragée par un tel discours j’avouerais tout, si j’étais coupable ; mais je