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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/206

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vis de mon parent… Mon ami, puisque tu es aussi scélérat que moi, je ne crains point de t’avouer que je suis le seul auteur du crime dont j’accusais tantôt cette fille ; la malheureuse en est incapable : qu’elle soit du voyage ; mon oncle m’a chargé de lui chercher une femme-de-chambre ; il veut une fille sûre pour mettre auprès de son épouse. Au fait de ce dont il s’agit, je présume que personne ne lui convient comme Justine ; la place que je lui propose est bonne ; en gagnant la confiance de mon oncle, elle peut enfin réaliser la chimère du bonheur, après laquelle elle court depuis si long-tems… Oh ! Justine, acceptes ce gage de ma reconnaissance, et que l’union, la paix et la tranquillité renaissent parmi nous. Consentez-vous à cet arrangement, cousin, et me cédez-vous Justine ? Oh ! de tout mon cœur, répond d’Esterval ; aussi-bien commençai-je à m’en lasser, et les suites de mon dégoût eussent pu devenir fatales pour elle. — Je le crois, dit Bressac, je te ressemble, mon cher, quand un objet a assouvi ma lubricité, je voudrais l’envoyer au diable. — Vous n’avez donc point joui de Justine, dit Dorothée ? — Non, madame, je ne connais que vous dans le monde qui puissiez me faire faire infidélité