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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/21

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de la leçon que vous me donnâtes, et combien j’en ai profité depuis ! Un moment de repos succède à de si vives agitations ; mais dans une ame aussi scélérate que la mienne, le spectacle du crime doit bientôt en rallumer le desir. J’ai foutu le cadavre de l’amant, me dis-je, pourquoi ne fouterais-je pas celui de la maîtresse ! Héloïse était encore belle ; la pâleur de son teint, le désordre de ses beaux cheveux, l’intérêt puissant qui régnait sur les traits renversés de sa physionomie enchanteresse, tout me fait rebander ; j’encule, et décharge une dernière fois, en dévorant sa chair.

L’illusion dissipée, je ramasse les bijoux, l’argent, et m’éloigne, non pas en détestant mon crime : ah ! si je m’en fusse repenti, m’eut-il fait bander tant de fois depuis ?… Non, je ne le détestais pas ce crime délicieux ; mais je regrettais bien de ne pas lui avoir donné une plus violente extension.

Je rejoignis ma voiture, et partis sur-le-champ pour Venise. Le climat du pays de Trente et le caractère de ses habitans ne m’ayant point plu, je me déterminai pour la Sicile. Là, dis-je, est le berceau de la tyrannie et de la cruauté : ce que les poëtes et les