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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/23

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piquant. Nous avions avec nous une négociante de Naples, que ses affaires conduisaient en Sicile, et qui menait avec elle deux petites filles charmantes, dont elle était mère, qu’elle avait nourries, et qu’elle aimait au point de ne pouvoir jamais s’en séparer ; l’aînée pouvait avoir quatorze ans, une figure romantique, les plus beaux cheveux blonds, et la taille la plus agréable. Les charmes de sa sœur, moins âgée de dix-huit mois, étaient dans un genre tout-à-fait différent ; des traits plus piquans que l’autre, moins d’intérêt, si l’on veut, mais infiniment plus de stimulant ; tout ce qu’il fallait, en un mot, non pour séduire doucement comme sa sœur, mais pour emporter d’assaut le cœur le plus récalcitrant en amour. À peine eus-je apperçu ces deux filles, que je résolus de les sacrifier ; en jouir était difficile ; idoles de leur mère, et perpétuellement sous ses yeux, le moment de l’attaque ne fût pas devenu facile à prendre. Il me restait le moyen de les victimer ; et le plaisir d’arrêter le cours de l’existence de deux aussi jolies petites créatures valait encore mieux que celui de la leur rendre agréable par la connaissance des plaisirs. Ma poche, toujours remplie de cinq ou six sortes de poi-