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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/233

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ment ; il n’y a rien qu’elle n’entreprenne pour faire savoir son véritable état à sa mère ; elle a déjà séduit deux de ses femmes, dont les manœuvres furent heureusement découvertes assez tôt pour en rompre le succès ; elle est la cause de la mort de ces malheureuses ; je les fis expirer sous ses yeux. — Vous avez tué ces deux femmes, monsieur ? — Oui ; en pareil cas je les saigne des quatre membres, et les laisse s’éteindre de cette manière. — Oh Dieu ! — Vous sentez bien, Justine, que ma femme se repent aujourd’hui d’avoir compromis ces deux femmes… elle se reproche leur mort ; et reconnaissant l’immutabilité de son destin, elle commence à prendre son parti, et à promettre de ne plus séduire les personnes dont je l’entourerai : si cela arrivait pourtant, je dois vous en prévenir, vous seriez traitée comme les autres. Regardez-vous donc de ce moment comme n’étant plus de ce monde, puisque vous en pouvez disparaître au plus petit acte de ma volonté : tel est votre sort, Justine ; heureuse si vous vous conduisez bien, morte dans le cas contraire… Vous m’avez entendu : passons chez ma femme.

N’ayant rien à objecter à un discours aussi précis, Justine suivit son maître. Après avoir