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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/234

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traversé une longue suite d’appartemens, aussi sombres, aussi solitaires que le reste du château, elle pénètre dans une antichambre où se trouvent deux vieilles, qu’on lui annonce être sous ses ordres pour tout ce qui concerne le service de la comtesse. Elles ouvrent : Gernande et Justine se trouvent dans l’appartement où était la jeune et malheureuse épouse de ce monstre, couchée sur un lit de repos, et dans un état de pâleur et d’abattement facile à soupçonner. Elle se leva dès qu’elle apperçut son mari, et vint respectueusement lui demander ses ordres. Écoutez-moi, lui dit Gernande sans lui permettre de se rasseoir, quoiqu’elle parût se soutenir à peine, voilà une femme que mon neveu Bressac m’amène pour être auprès de vous ; je vous la recommande : si jamais vous avez envie de la séduire, ne l’entreprenez pas au moins sans vous rappeler le sort de celles qui l’ont précédé. Toutes tentatives seraient inutiles, monsieur, dit Justine, pleine d’envie de servir sa maîtresse et voulant déguiser ses desseins ; oui, madame, je veux le certifier devant vous, tout serait infructueux ; vous ne direz pas une parole… vous ne ferez pas un geste, que je n’en instruise aussi-tôt votre époux, et cer-