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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/238

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rel pour la séduction, contre lequel il ne pouvait y avoir que son infâme époux qui pût résister, un son de voix flatteur, et beaucoup de piété. Telle était l’épouse de Gernande, telle était la créature angélique contre laquelle il avait comploté. Il semblait que plus elle inspirait de choses, plus elle enflammait sa férocité, et que l’affluence des dons qu’elle avait reçu de la nature, ne devenait que des véhicules de plus aux scélératesses de ce monstre.

Quand avez-vous été saignée, madame, demanda Justine à la comtesse, dès qu’elles furent seules ? — Il y a trois jours, répondit celle-ci… et c’est demain… on formera sûrement de cette horreur un charmant spectacle aux amis de monsieur de Gernande. — Lui arrive-t-il donc, madame, de se livrer à cela devant des témoins ? — Devant ceux qui pensent comme lui… Oh ! vous verrez tout cela… vous verrez tout cela, mademoiselle. — Et madame ne s’affaiblit point de toutes ces saignées ? — Juste ciel ! je n’ai pas vingt ans, et je suis sûre qu’on n’est pas plus faible à soixante-dix : mais cela finira, je me flatte ; il est parfaitement impossible que je vive long-tems ainsi. J’irai retrouver mon père ; j’irai