Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorée des teintes empruntées à la déesse des fleurs. Son nez était aquilin, étroit, serré du haut, et couronné de deux sourcils d’ébène, le menton parfaitement joli, un visage, en un mot, du plus bel ovale, dans l’ensemble duquel il régnait une sorte d’agrément, de naïveté, de candeur, qui eussent bien plutôt fait prendre cette figure enchanteresse pour celle d’un ange, que pour la physionomie d’une mortelle. Ses bras, sa gorge, ses fesses étaient d’un éclat… d’une rondeur… faits, en un mot, pour servir de modèles aux artistes. Une mousse légère et noire ombrageait le plus joli con du monde, soutenu par deux cuisses moulées ; et ce qui surprenait, d’après les malheurs de la comtesse, c’est que rien n’altérait son embonpoint. Son cul était aussi rond, aussi charnu, aussi ferme, aussi potelé, que si sa taille eut été plus marquée, et qu’elle eût toujours vécu au sein du bonheur. Il y avait pourtant sur tout cela d’affreux vestiges des cruautés de son époux ; mais rien de flétri, rien d’altéré ; l’image d’un beau lis où le frêlon impur avait fait quelques taches. À tant de dons, madame de Gernande joignait un caractère doux, un esprit romanesque… un cœur sensible… instruite, des talens, un art natu-