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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/252

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Il est inutile de peindre l’agitation de notre malheureuse épouse, quand elle apprit que son persécuteur, escorté de gens aussi crapuleux, aussi farouches que lui, allait venir contempler ou redoubler l’horreur des visites qu’elle était accoutumée d’en recevoir : elle sortait de table. Ma chère demoiselle, demanda-t-elle à Justine, sont-ils bien ivres… bien échauffés… bien redoutables ? — Oh ! oui, madame, ils déraisonnent. — Grand Dieu ! je vais éprouver des atrocités… Vous ne m’abandonnerez pas pendant cette cruelle séance ; vous resterez auprès de moi, n’est-ce pas, mademoiselle ? — Assurément, si l’on me le permet. — Oh ! oui, oui… Et quels sont ces gens ? L’un d’eux, dites-vous, est le neveu de monsieur de Gernande, le marquis de Bressac ?… Oh ! c’est un monstre, je le connais de réputation ; il a, dit-on, empoisonné sa mère… Et monsieur de Gernande peut recevoir chez lui le meurtrier de sa propre sœur !… quelle infamie, grand Dieu ! L’autre est, dites-vous, un assassin de profession ? — Oui, madame ; un cousin de monsieur de Gernande, qui tient une hôtellerie par libertinage, afin d’y voler… d’y égorger ceux qui y couchent. — Oh ! quels gens !…