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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/253

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quels gens ! Voilà donc les scélérats auxquels mon époux va me livrer ? Et quelle est cette femme qu’ils ont avec eux ? — L’épouse de l’aubergiste, aussi scélérate… aussi corrompue qu’eux. — Oh ! mademoiselle, il est donc possible que la douceur et l’aménité de notre sexe s’allient à toute la dépravation de celui des hommes ? — Ignorez-vous donc, madame, répondit Justine, qu’une femme qui a renoncé à la pudeur… à la délicatesse qui doit caractériser ce sexe, s’engage, et plus vite, et plus aveuglément que les hommes dans la carrière du vice et de l’intempérance ? — Et vous croyez, mademoiselle, que monsieur de Gernande permettra que je devienne aussi le plastron des goûts monstrueux de cette abominable créature ? — Ah ! je n’en doute pas, madame ; et Justine finissait à peine sa réponse, que la société se fit entendre. Des ris immodérés, d’affreux propos… beaucoup de blasphêmes l’annoncèrent à madame de Gernande, dont quelques larmes vinrent mouiller les paupières, tout en se préparant néanmoins à la soumission.

Le cortège était composé du mari, de monsieur et de madame d’Esterval, de Bressac, des six plus jolis ganimèdes, des deux vieilles