Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/272

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autre. Ceci, dit Dorothée, doit être infiniment lié aux principes que monsieur a de notre sexe. Oh ! je suis persuadé qu’ils sont d’une extrême dureté, dit Bressac ; si mon oncle voulait avoir la complaisance de nous les expliquer, toute la société, sans doute, les entendrait avec plaisir, Gernande y consentit ; et comme en ce moment Justine revenait rendre compte à son maître de l’état de celle dont le soin lui était confié, on lui permit d’assister à la dissertation que Gernande commença dans ces termes :

« Mes passions, dites-vous, mes amis, vous donnent une assez mauvaise opinion de ma façon de penser sur les femmes, et, certes, vous ne vous trompez pas lorsque vous vous persuadez que je les méprise autant que je les hais ; mais c’est principalement lorsque cette femme est liée à moi par les liens conjugaux, que vous vous figurez que mon éloignement et mon antipathie doivent redoubler pour elle. Avant que d’entrer dans l’analyse de ces sentimens, il convient que je vous demande d’abord, de quel droit vous prétendriez, par exemple, qu’un mari fût obligé de faire le bonheur de sa femme, et quel titre ose alléguer cette femme pour l’exiger de son mari ?