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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/271

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la force nécessaire pour en desirer de nouveaux ; on s’était retiré dans un vaste boudoir, escorté des bardaches ; et là, tout en les baisotant et les maniant, chacun cherchait à ranimer dans les charmes de la conversation quelques-unes des étincelles de lubricité dont il venait de s’embraser. Savez-vous, mon oncle, dit Bressac, que votre passion est délicieuse ? Je ne connais rien de piquant, dit Desterval, comme cette liaison des idées de la luxure et de la cruauté ; il n’est rien dans le monde qui m’excite aussi vivement, et il n’est point de procédé au monde qui marie plus délicatement ces idées, comme celui qu’emploie monsieur de Gernande. Oui, dit Bressac ; mais il me semble que je ne voudrais pas m’en tenir au bras, je saignerais un peu par-tout. C’est aussi ce que je fais, dit Gernande ; et les cicatrices qui couvrent ma chère épouse, ont dû vous prouver qu’il est bien peu de parties de ce beau corps qui soient échappées à ma barbarie. Mais, est-il vrai, dit d’Esterval, qu’il n’y ait que votre femme qui ait l’art de vous échauffer vivement dans l’exercice de cette passion ? Une autre femme m’irriterait aussi, dit Gernande ; mais il n’est pas douteux que la mienne m’électrise infiniment plus qu’une