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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/276

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cette soumission, la seule dose de félicité qu’il lui soit possible de recueillir ; et le plus fort doit travailler à la sienne par telle voie d’oppression qu’il lui plaira d’employer, puisqu’il est prouvé que le seul bonheur de la force est dans l’exercice des facultés du fort, c’est-à-dire, dans la plus complète oppression du faible. Ainsi, ce bonheur que les deux sexes ne peuvent trouver l’un avec l’autre, ils le trouveront, l’un par son obéissance aveugle, l’autre par la plus entière énergie de sa domination. Eh ! si l’intention de la nature n’était pas que l’un des sexes dominât l’autre… le tyrannisât… ne les aurait-elle pas créé de force égale ? En rendant l’un inférieur à l’autre en tout point, n’a-t-elle pas suffisamment indiqué que sa volonté était que le plus fort usât des droits qu’elle lui donnait. Plus celui-ci étend son autorité, plus il rend malheureuse la femme liée à son sort, et mieux il remplit les vues de la nature. Ce n’est pas sur les plaintes de l’être faible qu’il faut juger le procédé ; tout jugement fait de cette manière ne saurait être que vicieux, puisque vous n’emprunteriez, en le faisant, que les idées du faible : il faut juger l’action sur la puissance du fort, sur l’extension qu’il a donnée à sa puissance, et, quand