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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/280

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des femmes plus heureuses ? Dans d’autres îles découvertes par ce même marin, je les vois battues, vexées par leurs propres enfans, et le mari lui-même se joindre à sa famille pour les tourmenter avec plus de rigueur. Plus les peuples sont rapprochés de la nature, mieux ils en suivent les loix. La femme ne peut avoir avec son mari d’autres rapports que celui de l’esclave avec son maître ; elle n’a décidément aucun droit pour prétendre à des titres plus chers.

Quoi qu’il en soit enfin, mes amis, tous les peuples de la terre jouirent du droit le plus étendu avec leurs femmes : il s’en trouva même qui les condamnaient à la mort dès qu’elles venaient au monde, ne conservant que le petit nombre nécessaire à la reproduction de l’espèce. Les Arabes, connus sous le nom de Koreihs, enterraient leurs filles, dès l’âge de sept ans, sur une montagne auprès de la Mèque, parce qu’un sexe aussi vil leur paraissait, disaient-ils, indigne de voir le jour : les femmes, dans le sérail du roi d’Achem, pour le seul soupçon d’infidélité, pour la plus légère désobéissance dans le service des voluptés du prince, ou si-tôt qu’elles inspirent le dégoût, sont condamnées aux plus affreux