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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/281

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supplices ; le roi lui-même leur sert de bourreau. Aux bords du Gange, elles sont obligées de s’immoler sur les cendres de leurs époux, comme inutiles au monde dès que leurs maîtres n’en peuvent plus jouir. Ailleurs, on les chasse ainsi que des bêtes fauves ; c’est un honneur que d’en tuer beaucoup. En Égypte, on les immole aux dieux. À Formose, on les foule aux pieds dès qu’elles sont enceintes. Les loix germaniques ne condamnaient qu’à dix écus d’amende celui qui tuait une femme étrangère ; rien si c’était la sienne, ou une courtisane. Par-tout, en un mot, je le répète, par-tout je vois les femmes humiliées, molestées, sacrifiées à la superstition des prêtres, à la barbarie des époux, ou aux caprices des libertins ; et ce qu’il y a de plus malheureux pour elles, c’est que plus on les étudie, plus on les analyse, plus on se convainct qu’elles sont dignes de leur sort. Est-il possible, s’écrient leurs imbécilles partisans, que les antagonistes de ce sexe ne veuillent pas ouvrir les yeux sur les mérites dont il est rempli ? Voyez, disent-ils avec enthousiasme, les soins touchans qu’il a de notre jeunesse, sa complaisance dans notre âge mûr, tous les secours dont il nous devient quand nous vieillissons ;