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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/289

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je vais révéler à tes yeux des mystères d’iniquités qui te feront frémir.

Monsieur de Verneuil, ma chère fille, est encore plus libertin que son frère, plus dissolu, plus criminel, plus féroce ; c’est une bête enragée qui, près de ses passions, méconnaît tous les freins, et qui, je le crois, sacrifierait l’univers entier, s’il le croyait utile à ses infâmes plaisirs. Verneuil, âgé de quarante-cinq ans, est, comme tu le vois, le cadet de son frère ; il est moins gros, mais plus nerveux, beaucoup plus fort, et d’une figure mille fois plus effrayante… c’est un satyre… oh ! oui, Justine, un satyre, sous tous les rapports… ce que tu sais, ma chère, est en lui gigantesque ; il semble que la nature ait voulu le dédommager de ce dont elle a privé son frère ; il est, de plus, infatigable : ce scélérat creverait dix femmes. Son épouse, âgée de trente-deux ans, est une des plus belles créatures qu’il soit possible de voir au monde, ses cheveux sont châtains, sa taille souple et dégagée ressemble à celle de Vénus même, ses yeux pleins d’ame et de sensibilité sont d’une expression sans égale, sa bouche parfaitement belle, les chairs fermes, potelées, et d’une admirable blancheur, toute sa