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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/291

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beaux enfans qu’elle a de son mari, sont chaque jour simultanément les victimes de la férocité de ce monstre… Victor, moins qu’un autre peut-être, car le venin de l’exemple et de la séduction n’a déjà que trop corrompu son cœur. — Oh ciel ! vous me faites frémir… un père corrompre ses enfans !… Hélas ! dois-je pourtant m’étonner de ces horreurs, poursuivit Justine, moi qui les vit si long-tems en action ? Ah ! ceci, dit madame de Gernande, doit surpasser tout ce que tu as dû voir : ce scélérat ne s’en tient pas aux simples incestes dont il souille l’intérieur de sa famille ; de bien autres horreurs… — Que fait-il donc ? — Les plus divins objets de l’un et de l’autre sexe, soigneusement choisis dans les classes les plus opulentes et les plus distinguées, sont les victimes que son adresse et son argent assurent à sa lubricité ; il est tellement difficile sur l’âge, que si le sujet présenté dépassait seulement d’un mois les sept ans accomplis que le libertin desire, il le renverrait à l’instant ; et tu conçois, Justine, tout ce que ces enfans doivent éprouver de cruel avec un monstre moral et physique comme celui que je viens de peindre. Plus de la moitié n’en échappe jamais ; la