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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/292

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cruelle certitude de ces suites fâcheuses est un des plus doux alimens de la scélérate luxure de ce perfide ; et je lui ai ouï-dire cent fois qu’il n’atteindrait pas les bornes de sa jouissance, sans l’espoir où il est que ses gigantesques proportions flétriront à jamais la rose qu’épanouit sa férocité. Deux fois plus riche que son frère, en raison d’un mariage très-avantageux qu’il a fait dans les isles, et de différentes affaires très-lucratives qui l’ont comblé d’or, les sommes qu’il peut, en raison de cela, dépenser à ses affreux plaisirs, sont inexprimables. On lui recrute des sujets dans toutes les provinces ; ils lui sont amenés à grands frais dans son château de Verneuil, situé à dix lieues d’ici, et dans lequel il est absolument fixé depuis long-tems : quelques-uns de ces sujets l’accompagnent sans doute, suivant son usage ; et tu verras, Justine, s’il exista jamais sur la terre un homme plus affreux que celui-là.

Notre intéressante orpheline, effrayée de tout ce qu’elle venait d’entendre, ne se livrant, suivant son usage, qu’à l’extrême bonté de son caractère, fut, dès le lendemain matin, trouver le marquis de Bressac : monsieur, lui dit-elle alarmée, on nous menace d’un sur-