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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/295

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luptés qui valent mieux que mes faiblesses. Oh ! monsieur, l’on arrive à tout, en étouffant ainsi la voix de son cœur. — Et voilà ce qu’il faut, c’est précisément quand on est là, que l’on jouit véritablement ; je ne suis heureux, moi, ma chère, que depuis que je me livre à tous les crimes de sang-froid. Lorsque mon ame, encore dans l’écorce, ne se montait que par gradation au ton mâle ou je l’ai contrainte à présent, je souffrais en lui laissant quelques élans ; des sots remords venaient l’agiter ; j’ai combattu, je me suis fait des principes de mes erreurs ; et de ce moment seul j’ai connu la félicité ; on fait ce qu’on veut de son ame : les ressorts de la philosophie la montent au ton que l’on desire ; et ce qui nous faisait frémir dans l’enfance, devient dans notre âge mûr l’objet de nos plus grands plaisirs. — Quoi ! monsieur, vous voudriez me persuader que vous ne vous repentez pas du matricide épouvantable que vous vous êtes permis sous mes yeux ? — J’eusse eu dix mères que je les eus toutes sacrifiées l’une après l’autre de la même façon ; oh ! ce crime-là, Justine, n’est pas encore à la hauteur de mon ame ; il en faudrait d’une bien autre espèce pour la sortir de son assiette. Quoiqu’il puisse