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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/298

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entra sur-le-champ avec Gernande dans le cabinet en question ; et Dorothée, qui ne se doutait de rien, passa chez madame de Gernande, qui fut très-surprise de cette Visite.

La d’Esterval, impérieuse, hautaine, aussi féroce que son mari, et à laquelle on avait donné carte-blanche, ne s’amusa point, comme l’on croit, à filer le parfait amour ; une des vieilles l’escortait, avec l’ordre d’obliger l’épouse infortunée à se prêter à tout ce qu’exigerait la Messaline qu’on lui envoyait. Il fallut obéir ; la victime dépouillée n’offrit bientôt plus que des pleurs et des charmes. On n’a pas d’idée de la fureur de madame d’Esterval ; de tels transports ne se peignent point ; oubliant absolument son sexe, la fière tribade se livra sans honte à tous les égaremens… à toutes les fureurs des hommes : ce n’était plus Sapho dans les bras de Damophile, c’était Néron près de Tigellin. Toutes les lubricités masculines, toutes les passions des hommes, tous les désordres de leur plus cruel libertinage furent mis en œuvre par ce monstre de crapule et de perversité ; il n’y eut rien qu’elle ne fit, rien qu’elle n’inventât pour assouvir son impudente luxure ; et la pauvre