Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attendait Justine, à dessein de lui demander quelques détails sur ce qui se préparait pour le jour suivant. Notre héroïne crut devoir ne lui rien cacher. Ah ! dit cette malheureuse épouse en versant un torrent de larmes, ce sera peut-être demain le dernier jour de ma vie ; il faut que je m’attende à tout, quand ces barbares se trouvent réunis. O Justine, Justine ! que des gens sans mœurs, sans délicatesse, sans principes, sont des êtres dangereux sur la terre !

Cependant, chacun s’arrange pour la nuit, et croit trouver au sein de la plus insigne débauche les forces nécessaires à en commettre de bien plus horribles le lendemain. Verneuil coucha avec Dorothée, Gernande entre deux mignons, d’Esterval avec madame de Verneuil, et Bressac avec un des valets-de-chambre de son oncle.

Dès le matin, les vieilles avaient préparé le plus beau salon du château ; on en avait garni le parquet d’un vaste matelat piqué à six pouces d’épaisseur, formant un tapis sur lequel se jetèrent deux ou trois douzaines de carreaux. Une large ottomane fut placée dans le fond de la pièce qu’entouraient tant de glaces, qu’il devenait impossible que les scènes