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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/326

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qu’on allait exécuter dans ce superbe local ne s’y multipliassent pas sous mille et mille formes. Sur des tables roulantes d’ébène et de porphyre, répandues ça et là, s’appercevaient tous les meubles nécessaires au libertinage et à la férocité ; verges, martinets, nerfs de bœufs, lardoirs, liens de cordes et de fer, godmichés, condoms, seringues, aiguilles, pommades, essences, tenailles, pinces, ferrules, ciseaux, poignards, pistolets, coupes de poisons, stimulans de toute espèce, et autres divers instrumens de supplices ou de mort, tout s’y voyait avec profusion. Sur un buffet énorme, en face de l’ottomane, à l’autre extrémité du salon, étaient simétriquement et abondamment disposés les mets les plus succulens et les plus délicats ; la plupart pouvaient se maintenir chauds sans qu’on s’en apperçût ; des carafes de cristal de roche, se mêlant aux porcelaines de Saxe et de Japon qui contenaient ces mets, renfermaient avec profusion les vins les plus exquis… les plus rares liqueurs. Une immensité de roses, d’œillets, de lilas, de jasmin, de muguet, et d’autres fleurs plus précieuses encore, achevait d’orner et de parfumer ce temple des plaisirs, où se trouvait réuni pour le jour entier tout ce qui, sans