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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/33

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trouble, la désolation, l’impudicité, le déshonneur, et tous les fléaux du crime et du désespoir. La probité régnait dans cette maison ; la beauté, la vertu semblait de même y avoir établi leur empire ; en fallait-il plus pour échauffer en moi le desir de la souiller par tous les forfaits imaginables. Je commençai par des largesses, que l’on n’accepta qu’avec peine ; mais les vues d’alliance que je manifestai bientôt ne permirent plus aucun refus. On me pria d’expliquer ces vues. Comment voulez-vous, répondis-je, que je prononce entre les trois Grâces ? donnez-moi donc le tems de mieux connaître vos charmantes filles, et je pourrai vous dire alors laquelle doit fixer mon cœur. Les choses en cette position, vous imaginez facilement que je profitai des délais pour les suborner toutes trois. Comme je leur avais recommandé le plus profond mystère, elles n’eurent garde de s’avouer réciproquement ce que je leur communiquais, de manière qu’aucune d’elles ne savait à quel point j’en étais avec sa compagne. De ce moment, voilà comme je me conduisis.

Camille fut celle que je séduisis la première ; et l’ayant trompée sous les plus belles