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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/34

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espérances de mariage, au bout d’un mois j’en tirai tout ce que je voulus. Quelle était belle ! et quels charmes n’éprouvé-je pas à sa jouissance ! À peine fut-elle foutue de toutes les manières, que j’attaquai Véronique ; et, réveillant la jalousie de Camille, je l’armai si bien contre sa sœur, qu’elle résolut de la poignarder. L’ardeur du tempérament des Siciliennes admet tous les moyens sanglans ; là, l’on ne connaît que deux passions, la vengeance et l’amour. Dès que je crus être bien certain des intentions criminelles de Camille, j’en fis prévenir Véronique ; je parvins à la faire éclairer, au point de ne pas même lui laisser la consolante idée du doute. Cette belle fille, au désespoir, mais plus craintive qu’entreprenante, me supplie de l’enlever, si je l’aime, afin de la soustraire à la rage effrénée d’une sœur qu’elle connaît capable de tout entreprendre. Mon ange, dis-je alors, ne vaudrait-il pas mieux remonter à la source de tout ceci, en reconnaître les auteurs, et nous venger directement. Il n’y a point d’autre cause, me répondit Véronique, que l’extrême amour que Camille a pour toi ; elle s’apperçoit des préférences que tu me donnes, et l’infernale créature complotte contre mes