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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/351

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commettre le meurtre, la plus traîtresse et la plus dangereuse… celle dont on peut le moins se défendre. — Instruite par mon frère, répondit Verneuil, je ne te répéterai point ce que lui, ou les autres philosophes avec lesquels tu as passé ta vie, ont pu te dire pour te prouver la nullité du prétendu crime appelé meurtre, je ne m’attacherai qu’à te faire comprendre que de toutes les façons d’y procéder, celle qui ne fait point couler de sang est la moins affreuse sans doute ; et, en effet, tu m’avoueras, Justine, que si quelque chose répugne dans l’action de détruire son semblable, c’est la violence qu’on exerce sur lui, c’est le sang qu’on fait jaillir de ses veines, c’est, en un mot, le spectacle de ses meurtrissures et de ses plaies : rien de tout cela dans le poison, aucun acte violent ; la mort frappe sous vos yeux la personne condamnée, sans bruit, sans scandale ; à peine vous en doutez-vous. O Justine, Justine ! c’est une délicieuse chose que le poison ! que de services il a rendus !… que de gens il sut enrichir !… de combien d’êtres inutiles il a purgé le monde !… de combien de tyrans il a déchargé la terre !… Dans le cas, par exemple,