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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/37

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peuvent outrager ni la nature, ni l’être imaginaire que tu en supposes le moteur. Ce que l’homme a osé nommer crime, n’est que l’action qui trouble les loix de la société ; mais qu’importe à la nature les loix de la société ; est-ce elle qui les a dictées ? et ces loix ne varient-elles pas de climats en climats ? Telle affreuse que vous puissiez supposer une action, le crime dont vous la croyez revêtue ne peut donc être que local ; de ce moment il ne saurait outrager la nature, dont les loix sont universelles. Le parricide, regardé comme un crime en Europe, est en honneur dans plusieurs contrées de l’Asie : il en est de même de toutes les autres actions humaines ; je défie qu’on m’en cite une seule universellement vicieuse. Réfléchissez au reste qu’il ne s’agit ici que de vous défendre, et qu’alors tous les moyens que vous allez mettre en usage pour y parvenir, non-seulement ne sauraient être criminels, mais deviennent même vertueux, puisque la première loi que nous inspira la nature, fut de nous conserver à tel prix et à tels dépens que ce puisse être : agissez, Véronique, agissez, ou vous êtes perdue vous-même.

Le feu que je vis briller dans les yeux de