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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/46

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dant l’opération, il la poignardait dès qu’il avait fini ; si elle tournait à la mort, il attendait l’instant des derniers soupirs pour lui remplir le cul de foutre.

J’achevai de me corrompre et de me blaser avec ces bons pères, et j’en étais au point que rien au monde ne parvenait plus à me faire bander.

Mon ami, dis-je un jour à Bonifacio, après deux ans de cette vie épicurienne, tout ce que nous faisons est délicieux, mais c’est la force qui nous soumet les objets dont nous jouissons, et j’avoue que sous ce rapport ils me font moins bander que ceux qu’offrirait à mes désirs l’artifice ou la ruse. Revêtu de l’habit que tu m’as fait prendre, je n’ai plus pour travailler, d’après mes plans, que le saint et sacré tribunal de la confession. Je te conjure de me mettre à même d’y siéger bientôt, ainsi que tu m’en as flatté. Il est inoui combien cette idée m’excite, incroyable à quel degré je compte profiter de tout ce que ce nouvel emploi va m’offrir, pour amuser à-la-fois mon avarice et ma luxure. Eh bien ! dit Bonifacio, rien de plus simple, et me remettant, huit jours après, la clef du confessionnal de la chapelle de la Vierge, allez, me dit-il, heureux